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neuf Muses ; et sur ces autorités, ils persuadent non seulement à de simples particuliers, mais à des états, que certains sacrifices accompagnés de fêtes peuvent expier les crimes [365a] des vivans et même des morts ; ils appellent ces cérémonies Purifications[1], quand elles ont pour but de nous délivrer des maux de l’autre vie : on ne peut les négliger, sans s’attendre à de grands supplices.

Tous ces discours, mon cher Socrate, sous mille formes et avec le même caractère sur le degré d’estime accordé à la vertu et au vice par les dieux et les hommes, quelle impression pensons-nous qu’ils fassent sur l’ame d’un jeune homme doué d’heureuses dispositions, qui, écoutant avec empressement tout ce qu’on lui dit, est déjà capable d’y réfléchir et d’en tirer des conséquences par rapport à ce qu’il doit être [365b] et à la route qu’il doit prendre pour bien vivre ? N’est-il pas vraisemblable qu’il se dira à lui-même avec Pindare[2] : Monterai-je au palais élevé de la justice, ou marcherai-je dans le sentier de la fraude oblique pour assurer le bonheur de ma vie ? On me dit que si je suis juste sans le paraître, je n’ai aucun avantage à recueillir ; que le travail seul et la peine m’attendent, tandis qu’un sort fortuné est

  1. Τελεταί.
  2. Voyez Heyne, t. III, p. 81, et Boeckh, Pindari, fragmenta, CCXXXII, p. 671.