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eux ou leurs ancêtres, au moyen de jeux et de fêtes. Quelqu’un a-t-il un ennemi auquel il veuille nuire, homme de bien ou méchant, n’importe, il pourra le faire à peu de frais : ils ont certains secrets pour séduire ou forcer les dieux et disposer de leur pouvoir. Et ils appuient toutes leurs prétentions du témoignage des poètes. Veulent-ils prouver que le mal est aisé,

[364e] Des libations et la fumée des victimes, on les apaise
On est à l’aise dans le chemin du vice ;
[364d] La voie est unie : elle est très rapprochée de nous ;
Mais les dieux ont placé la sueur en avant de la vertu[1].


Et on a, pour y parvenir, un chemin long et escarpé. Veulent-ils montrer qu’on peut gagner les dieux, ils citent ces vers d’Homère :

… Les dieux eux-mêmes se laissent fléchir :
Avec des sacrifices et des prières flatteuses,
[364e] Des libations et la fumée des victimes, on les apaise
Quand on s’est rendu coupable envers eux[2].


Ils invoquent une foule de livres composés par Musée et par Orphée[3], enfans de la Lune et des

  1. Les œuvres et les jours, 285-90.
  2. Iliade, IX, 493.
  3. Voyez sur les livres de Musée et d’Orphée, Gesner, Præf. ad Orph., p. 47 ; Fabricius, Biblioth. græc., t. I, p. 120, et Passow, Mus., p. 21 et 40.