plus. Telle est leur manière de louer la justice et de blâmer l’injustice.
Écoute maintenant, ô Socrate, un autre langage. Je l’emprunte au peuple et [364a] aux poètes. Tous n’ont qu’une voix pour vanter la beauté de la tempérance et de la justice, mais aussi pour montrer qu’elles sont difficiles et pénibles, tandis que la licence et l’injustice n’ont rien que de doux et de facile ; l’opinion seule et la loi y attachent de la honte. Ils disent qu’assez généralement il y a plus de profit à attendre de l’injustice que de la justice ; ils sont enclins à honorer en public et en particulier et à regarder comme heureux les méchans qui ont des richesses et d’autres moyens de puissance, à mépriser et à fouler aux pieds le juste, s’il est faible [364b] et indigent, tout en convenant que le juste est meilleur que le méchant. Mais de tous les discours, les plus étranges sont ceux qu’ils tiennent sur les dieux et la vertu. À les entendre, les dieux laissent tomber sur beaucoup d’hommes vertueux la disgrace et le malheur, tandis que les méchans jouissent d’un sort prospère. De leur côté, des sacrificateurs ambulans, des devins, assiégeant les portes des riches, leur persuadent qu’ils ont obtenu des dieux, par certains sacrifices et enchantemens, le pouvoir [364c] de leur remettre les crimes qu’ils ont pu commettre,