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logie de la justice et une censure de l’injustice ; cela rendra plus sensible ce que me semble avoir voulu Glaucon. Les pères recommandent à leurs enfans la pratique de la justice, et en général toute personne fait la même recommandation à ceux dont le soin lui est confié ; mais ce n’est pas en vue de la justice même, mais en vue de la bonne renommée qui l’accompagne, afin que paraissant justes ils obtiennent les dignités, les alliances honorables et tous les autres biens que procure au juste sa réputation, comme le disait Glaucon. On porte bien plus loin encore l’avantage d’une bonne réputation ; on l’étend jusque auprès des dieux, et on ne tarit pas sur les biens dont les dieux comblent les justes, au dire du bon Hésiode et d’Homère. L’un dit que les dieux ont fait les chênes pour les justes : pour eux,


Leur cime porte des glands et leur tronc des abeilles :
Les brebis succombent sous leur riche toison[1].


Et mille autres belles choses semblables. Homère tient à peu près le même langage :

Porte de l’orge et du froment, et les arbres sont chargés de fruits.
… Tel un juste ou un bon roi qui, semblable aux dieux[2],
Soutient le bon droit : pour lui la terre

  1. Hésiode, Les œuvres et les jours, v. 230.
  2. Hom., Odyss., XIX, 109. Le vers 110 des éditions est omis ici ainsi que dans Plutarque, ad Principem ineruditum. Édit. de Reiske, t. 9, p. 122.