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quelles passent de l'un à l'autre de ces états, uniquement par l'effet de leur propre choix ? Seulement ce ne serait pas entendre Platon, que de supposer que dans son sens toutes les âmes sont indifférentes, en tant que non raisonnables, et que la raison n'arrive à celles qui deviennent hommes, qu'au moyen de l'organisme humain : au contraire, sa pensée devait être que les âmes des bêtes, immortelles aussi, ont part à la raison, sauf l'impossibilité pour elles de la manifester dans un corps qui est, bien plus que le corps humain, une prison et un tombeau. C'est en effet un point assez établi, d'ailleurs, que Platon attribuait aux animaux la raison, à cet état de contrainte et d'obscurcissement. »

« Il est pourtant une objection qu'on pourrait être tenté de faire sur la manière dont ceci s'accorde avec ce qu'on a vu. Si tous les êtres qui naissent proviennent des générations passées, et si chaque naissance est indifféremment l'effet du choix d'une ame quelconque, à quoi bon, dira-t-on, tant de soins et de précautions appliquées aux procréations dans l'Etat qu'on nous a décrit ? On ne peut guère supposer que cette difficulté ait échappé à Platon. Voici comment les choses doivent se concilier : premièrement, le lot (ou condition de vie), tel que notre législateur le destine à ses gouvernails, ne peut jamais être choisi que par une ame qui s'est conservée fidèle à la pure raison, attendu que