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vue on pourrait dire que ce passage en est le résumé, comme nous rencontrerons plus tard de véritables résumés du Gorgias et du Philèbe. Le noble esprit perfectionné par l'éducation, qui, relégué dans l'exil, demeure fidèle à la philosophie, est peut-être Xénophon. La grande ame qui, née dans un petit État, néglige et dédaigne les charges publiques, ressemble bien à Héraclite. L'esprit heureusement doué qui déserte avec raison toute autre profession, pour se livrer à la philosophie, sera Simon le cordonnier, ou quelque autre, comme Boeckh l'a soupçonné (in Minoem., 48). L'homme attaché à la philosophie et préservé des tentations de l'ambition par la faiblesse de sa santé, est Théages. Socrate déclare que pour lui ce qui le porte à la philosophie est une inspiration divine. Enfin, l'homme naturellement fait pour la politique, mais qui en est détourné par la situation de son pays, la dépravation générale, et l'évidente impossibilité de faire aucun bien, et qui, alors condamné à une condition privée, vit dans la retraite, et se borne à la méditation et à la philosophie, avec la conscience toutefois de n'avoir pas rempli sa plus haute destinée, faute d'avoir vécu sous une forme convenable de gouvernement, cet homme là n'est-il pas Platon lui-même ?

PAGE 34. — Et l'État lui-même dans la nécessité