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Mais ne sommes-nous pas demeurés d’accord que la justice est une vertu et l’injustice un vice de l’ame ?

Nous en sommes demeurés d’accord.

Par conséquent l’ame juste et l’homme juste vivront bien, et l’homme injuste vivra mal.

Cela doit être, d’après ce que tu as dit.

Mais celui qui vit bien est heureux[1] : celui qui vit mal est malheureux.

Assurément.

Donc le juste est heureux, et l’injuste malheureux.

Soit.

Mais il n’est point avantageux d’être malheureux ; il l’est au contraire d’être heureux.

Qui en doute ?

Il est donc faux, divin Thrasymaque, que l’injustice soit plus avantageuse que la justice.

À merveille, Socrate, voilà ton festin des Bendidées[2].

C’est toi, repris-je, qui as été mon hôte par ta douceur et ta bonté pour moi. Cependant je ne suis pas rassasié ; mais c’est ma faute et non la tienne. J’ai fait comme les gourmands qui se jettent avidement sur tous les mets à mesure qu’ils arrivent,

  1. Conclusion fondée sur le double sens de l’expression bien vivre, εὖ ζῆν.
  2. Voyez la note au commencement de ce livre, p. 1.