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contentement et très bonne. Que celui qui choisira le premier se garde de trop de confiance, et que le dernier ne désespère point. Après que l’hiérophante eut ainsi parlé, celui à qui le premier sort était échu, s’avança avec empressement, et choisit la tyrannie la plus considérable, emporté par son imprudence et son avidité, et sans regarder suffisamment à ce qu’il faisait ; il ne vit point cette fatalité attachée à l’objet de son choix, d’avoir un jour à manger la chair de ses propres enfans, et bien d’autres crimes horribles. Mais quand il eut considéré à loisir le sort qu’il avait choisi, il gémit, se lamenta, et, oubliant les avertissemens de l’hiérophante, ce n’était pas à sa propre faute qu’il s’en prenait, c’était à la fortune, aux dieux, à tout, excepté à lui-même. Cette ame était du nombre de celles qui venaient du ciel ; elle avait vécu précédemment dans un État bien gouverné, et avait fait le bien par la force de l’habitude plutôt que par philosophie. Voilà pourquoi, parmi celles qui tombaient en de semblables mécomptes, les ames venues du ciel n’étaient pas les moins nombreuses, faute d’avoir été éprouvées par les souffrances ; au contraire, la plupart de celles qui, ayant passé par le séjour souterrain, avaient souffert et vu souffrir, ne choisissaient pas ainsi à la hâte. De là, indépendamment du hasard des rangs pour être