raisons entre elles ; en sorte qu’après avoir réfléchi sur tout cela et ne perdant pas de vue la nature de notre ame, nous saurons faire le discernement entre le bon et le mauvais partage en cette vie, appelant mauvais celui qui aboutirait à rendre l’ame plus injuste, et bon celui qui la rendrait plus vertueuse, sans avoir aucun égard à tout le reste ; car nous avons vu que c’est le meilleur parti qu’on puisse prendre, soit pour cette vie, soit pour ce qui la suit. Il faut donc conserver jusqu’à la mort son ame ferme et inébranlable dans ce sentiment, afin qu’elle ne se laisse éblouir là-bas ni par les richesses ni par les autres maux de cette nature ; qu’elle ne s’expose point, en se jetant avec avidité sur la condition de tyran ou sur quelque autre semblable, à commettre un grand nombre de maux sans remède et à en souffrir encore de plus grands, mais plutôt qu’elle sache se fixer pour toujours à un état médiocre, et éviter également les deux extrémités, autant qu’il dépendra d’elle, soit dans la vie présente, soit dans toutes les autres par où elle passera, c’est à cela qu’est attaché le bonheur de l’homme. Aussi, selon le rapport de notre messager, l’hiérophante avait dit : Celui qui choisira le dernier, pourvu qu’il le fasse avec discernement, et qu’ensuite il soit conséquent dans sa conduite, peut se promettre une vie pleine de
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/695
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.