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d’abord les ames de ceux qu’on avait jugés, celles-ci monter au ciel, celles-là descendre sous terre, par les deux ouvertures qui se répondaient ; tandis que par l’autre ouverture de la terre, il vit sortir des ames couvertes d’ordure et de poussière, en même temps que par l’autre ouverture du ciel descendaient d’autres ames pures et sans tache : elles paraissaient toutes venir d’un long voyage, et s’arrêter avec plaisir dans la prairie, comme dans un lieu d’assemblée. Celles qui se connaissaient se saluaient les unes les autres, et se demandaient des nouvelles de ce qui se passait aux lieux d’où elles venaient, le ciel ou la terre. Les unes racontaient leurs aventures avec des gémissemens et des pleurs, que leur arrachait le souvenir des maux qu’elles avaient soufferts ou vu souffrir pendant le temps de leur voyage sous terre, et la durée en était de mille ans ; les autres qui revenaient du ciel faisaient le récit des plaisirs délicieux qu’elles avaient goûtés et des choses merveilleuses qu’elles avaient vues. Il serait trop long, mon cher Glaucon, d’entrer dans les nombreux détails de l’Arménien à ce sujet ; mais voici en somme ce qu’il disait : chacune des ames portait dix fois la peine des injustices qu’elle avait commises dans la vie ; la durée de chaque punition était de cent ans,