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grand bien de l’ame, que celle-ci doit accomplir ce qui est juste, soit qu’elle dispose ou non de l’anneau de Gygès[1], et si l’on veut encore, outre cela, du casque de Pluton[2] ?

Tu dis très vrai.

On ne peut donc pas trouver mauvais, mon cher Glaucon, de nous voir maintenant restituer à la justice et aux autres vertus, indépendamment de ces avantages qui leur sont propres, les récompenses que les hommes et les dieux y ont attachées et pendant la vie et après la mort.

Non, certes.

Mais vous, ne me rendrez-vous pas les concessions que vous m’avez demandées[3] ?

Quoi donc ?

J’ai bien voulu vous accorder que l’homme juste peut passer pour méchant, et l’homme méchant pour juste. Vous avez cru qu’on devait vous accorder ce point dans l’intérêt de votre recherche, quand même il serait impossible de tromper en cela les hommes et les dieux, pour qu’on pût apprécier nettement la justice et l’in-

  1. Voyez le livre II.
  2. Homère, Iliade, V, v. 845. Ce casque rendait ceux qui le portaient invisibles aux dieux, comme l’anneau de Gygès les rendait invisibles aux hommes.
  3. Livre II, discours d’Agathon.