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Oui.

Posons donc cela comme un principe incontestable. Or, s’il en est ainsi, tu conçois que ces mêmes ames doivent toujours exister ; car puisque aucune d’elles ne périt, leur nombre ne saurait diminuer : et il ne peut pas non plus augmenter ; car si le nombre des êtres immortels devenait plus grand, tu n’ignores pas[1] qu’ils se formeraient de ce qui était mortel, et que toutes choses finiraient ainsi par être immortelles.

Il est vrai.

Or, c’est ce que la raison ne nous permet pas de croire, non plus que de penser que notre ame, considérée dans le fond même de son être, soit d’une nature composée, pleine de dissemblance et de diversité.

Comment dis-tu ?

Il est difficile que ce qui résulte de l’assemblage de plusieurs parties soit éternel, à moins que la composition n’en soit aussi parfaite que vient de nous paraître celle de l’ame.

En effet, cela n’est pas vraisemblable.

Les raisons que nous venons d’alléguer, et bien d’autres[2], démontrent donc invinciblement

  1. Allusion à l’argument des contraires, développé dans le Phédon, t. Ier, p. 217.
  2. Voyez le Phèdre et le Phédon.