ame, meurent plus ou moins promptement selon qu’ils sont plus ou moins méchans ; ce qui est contraire à l’expérience de tous les jours, laquelle nous montre que ce n’est pas la justice mais les supplices auxquels on les condamne, qui font mourir les méchans.
Certainement, Socrate, si l’injustice était capable en soi de donner la mort aux méchans, ce ne serait plus une chose si terrible ; car ce serait un remède à tous les maux. Je pense au contraire qu’évidemment elle tue les autres, autant qu’il est en elle, tandis qu’elle conserve plein de vie, et de plus bien éveillé, celui en qui elle fait sa demeure ; tant elle est éloignée de lui donner la mort.
Tu dis bien. Car si la perversité propre de l’ame, si son propre mal ne peut la tuer et la détruire, il est impossible qu’un mal, destiné par sa nature à la destruction d’une autre substance, fasse périr ni l’ame ni toute autre chose que celle sur qui il doit produire naturellement cet effet.
Impossible, ce me semble.
Mais il est évident qu’une chose qui ne peut périr, ni par son propre mal, ni par un mal étranger à elle, doit nécessairement exister toujours, et que, si elle existe toujours, elle est immortelle.