de l’autre, puisse périr par un mal étranger, sans l’intervention du mal qui lui est propre.
Rien n’est plus raisonnable.
Ainsi, établissons la fausseté de cette démonstration, ou tant qu’elle demeurera entière, gardons-nous bien de dire que ni la fièvre, ni aucune autre espèce de maladie, ni le fer, ni quoi que ce soit, le corps en dût-il être haché par morceaux, puisse en aucune façon causer la ruine de l’ame ; à moins qu’on ne nous fasse voir que l’effet de ces accidens du corps est de rendre l’ame plus injuste et plus impie. Et ne souffrons pas qu’on dise que ni l’ame, ni quelque autre substance que ce soit, périt par le mal qui survient à une substance de nature différente, si le mal qui lui est propre ne vient à s’y joindre.
Or, Socrate, jamais personne ne nous montrera que les ames de ceux qui meurent deviennent plus injustes par la seule raison qu’ils meurent.
Si quelqu’un néanmoins était assez hardi pour combattre ce que nous venons de dire, et pour soutenir que la mort rend l’homme plus méchant et plus injuste, afin de n’être pas obligé de reconnaître l’immortalité de l’ame, nous conclurions que, si ce qu’il dit est vrai, l’injustice conduit naturellement à la mort comme la maladie, qu’elle tue par une force qui est en elle, et que ceux qui lui donnent entrée dans leur