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il vrai que l’injustice et les autres vices, venant à se loger chez elle et à s’y fixer,la corrompent, la ruinent, jusqu’à ce qu’ils la conduisent à la mort et la séparent d’avec le corps ?

Nullement.

D’un autre côté, il serait contre toute raison de dire qu’un mal étranger détruit une chose que son propre mal ne peut détruire.

Je l’avoue.

Fais en effet attention, mon cher Glaucon, qu’à l’égard même du corps, nous ne pensons pas que sa destruction puisse être l’effet immédiat du vice propre des alimens, comme la moisissure, la trop grande ancienneté, ou tout autre vice. Mais si la mauvaise nourriture engendre dans le corps le mal qui lui est propre, nous dirons qu’à l’occasion de la nourriture, le corps a été ruiné par la maladie, qui est proprement son mal ; et jamais nous ne prétendrons que les alimens, qui sont d’une nature différente de celle du corps, aient par leur mauvaise qualité la vertu de le détruire, à moins que ce mal étranger ne fasse naître en lui le mal qui lui est propre.

Très bien.

Par la même raison, à moins que la maladie du corps n’engendre celle de l’ame, ne disons jamais que celle-ci, qui ne participe pas du mal