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Si donc nous trouvons dans la nature une chose que son mal rend à la vérité mauvaise, mais qu’il ne saurait dissoudre pour la détruire, dès ce moment, ne pourrons-nous pas assurer de cette chose qu’elle ne peut périr ?

Il y a toute apparence.

Mais quoi ! n’est-il rien qui rende l’ame mauvaise ?

Oui, certes ; ce sont les vices dont nous avons fait mention, l’injustice, l’intempérance, la lâcheté, l’ignorance.

Y a-t-il un seul de ces vices qui puisse la faire périr par dissolution ? Prends garde que nous ne tombions dans l’erreur, en nous imaginant que, quand l’homme injuste et insensé est condamné à mort pour son injustice, sa mort soit l’effet de l’injustice, qui est le mal de son ame. Considère plutôt la chose de cette manière. N’est-il pas vrai que la maladie, qui est le vice naturel du corps, le mine peu à peu, le détruit, et le réduit au point qu’il n’a plus la forme de corps : que toutes les autres choses dont nous avons parlé ont leur mal propre qui s’attache à elles, les corrompt par le séjour qu’il y fait, et les amène au point de n’être plus ce qu’elles étaient ?

Oui.

Hé bien, fais l’application de ceci à l’ame. Est-