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rêt, et surtout que l’affliction est un obstacle à ce qu’il faut s’empresser de faire en ces rencontres.

Que faut-il donc faire alors ?

Prendre conseil de la raison sur ce qui vient d’arriver ; réparer sa mauvaise fortune comme on répare un mauvais coup que les dés ont amené, c’est-à-dire par les moyens que la raison aura reconnus les meilleurs, et n’aller pas au premier choc, portant la main, comme des enfans, à la partie blessée, perdre le temps à crier ; mais plutôt accoutumer son ame à appliquer le plus promptement possible le remède à la blessure, à relever ce qui est tombé, et à se soigner au lieu de se lamenter.

C’est ce qu’un homme peut faire de mieux dans les malheurs qui lui arrivent.

C’est, disons-nous, la plus saine partie de nous-mêmes qui sait prendre ainsi conseil de la raison.

Évidemment.

Et cette autre partie qui nous rappelle sans cesse le souvenir de nos disgrâces, qui nous porte aux lamentations, et qui ne peut s’en rassasier ; craindrons-nous de dire que c’est quelque chose de déraisonnable, de lâche et de timide ?

Nous le dirons sans balancer.

Or, ce dernier principe, celui des douleurs violentes, offre à l’imitation une matière riche