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blables, ou lorsqu’il sera seul vis-à-vis de lui-même ?

Il prendra bien plus sur lui-même lorsqu’il sera devant le monde.

Mais se voyant sans témoins, il laissera sans doute échapper bien des plaintes qu’il aurait honte qu’on entendît ; il fera mille choses dans lesquelles il ne voudrait pas être surpris.

Il est vrai.

Ce qui lui ordonne de se roidir contre la douleur, c’est la loi et la raison : au contraire, ce qui le porte à s’y abandonner, c’est la passion.

J’en conviens.

Or, lorsque l’homme éprouve ainsi deux mouvemens contraires par rapport au même objet, c’est une preuve, disons-nous, qu’il y a en lui deux parties aux prises.

Assurément.

L’une qui est prête à obéir à la loi en tout ce qu’elle prescrit.

Comment cela ?

Par exemple, la loi dit qu’il est beau de conserver le plus de calme possible dans les malheurs et de ne pas se laisser emporter au désespoir ; et cela parce qu’on ignore si ces accidens sont des biens ou des maux, qu’on ne gagne rien à s’en affliger, que les événemens de la vie ne méritent pas que nous y prenions un si grand inté-