Ainsi l’imitation mauvaise en soi, en mauvaise compagnie, ne produit que des fruits mauvais.
Cela doit être.
Mais ceci n’est-il vrai qu’à l’égard de l’imitation qui frappe la vue ? Et n’en peut-on dire autant de celle qui est faite pour l’ouïe, et que nous appelons poésie ?
Il est vraisemblable qu’on en peut dire autant de celle-ci.
Toutefois ne nous en tenons pas à cette vraisemblance et à l’analogie qui se trouve entre la peinture et la poésie. Pénétrons jusqu’à cette partie de l’ame avec laquelle la poésie imitative a un commerce intime, et voyons si cette partie est bonne ou mauvaise.
Il le faut.
Envisageons la chose de cette manière. La poésie imitative représente, dirons-nous, les hommes dans des actions forcées ou volontaires, en conséquence desquelles ils se croient heureux ou malheureux, et s’abandonnent à la joie ou à la tristesse : y a-t-il rien de plus dans ce qu’elle fait ?
Rien.
Or, dans toutes ces situations, l’homme est-il bien d’accord avec lui-même ? Au contraire, ne se trouve-t-il pas, par rapport à sa conduite, en contradiction et en lutte avec lui-même, comme