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De même, dirons-nous, le poète, par une couche de mots et d’expressions figurées, rend en quelque sorte la couleur des différens arts sans s’y entendre en rien, sinon comme imitateur, de sorte que pour ceux qui ne regardent qu’aux mots, avec la mesure, le nombre et l’harmonie de son langage, il semblera avoir parlé très pertinemment, soit qu’il s’agisse de cordonnerie, ou de la conduite des armées, ou de tout ce qu’on voudra ; tant il y a naturellement de prestige dans la poésie ! Au reste, tu sais, je pense, quelle figure font les vers, dépouillés du coloris musical, et réduits à eux-mêmes ; tu l’as sans doute remarqué.

Oui.

N’en est-il pas comme de ces visages qui n’ont d’autre beauté qu’une certaine fleur de jeunesse, lorsque cette fleur est passée ?

Cette comparaison est juste.

Allons plus loin. Le faiseur de fantômes, c’est-à-dire l’imitateur, ne connaît que l’apparence des objets et nullement ce qu’ils ont de réel : n’est-il pas vrai ?

Oui.

Eh bien, ne nous arrêtons pas à moitié chemin ; examinons la chose à fond.

J’y consens.