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but, à ce point que l’on distingue encore aujourd’hui entre tous les autres hommes ceux qui suivent le genre de vie appelé par eux-mêmes Pythagorique ?

Non, Socrate, on ne dit rien de pareil d’Homère. Créophyle[1], son compagnon, a dû être encore plus ridicule pour ses mœurs que pour le nom qu’il portait. On dit en effet qu’Homère, pendant sa vie même, fut étrangement négligé par ce personnage.

On le dit en effet. Mais penses-tu, Glaucon, que si Homère eût été réellement en état d’instruire les hommes et de les rendre meilleurs, comme ayant une parfaite connaissance des choses au lieu de savoir seulement les imiter ; penses-tu, dis-je, qu’il ne se serait pas attaché un grand nombre d’amis qui l’auraient honoré et chéri ? Quoi ! Protagoras d’Abdère, Prodicus de Céos, et tant d’autres, peuvent, dans des entretiens particuliers, persuader aux hommes

  1. Le nom de Créophyle se compose des mots viande et race. Il paraît qu’il circulait dans l’antiquité des traditions peu honorables pour ce personnage, auxquelles Platon fait ici allusion. Il en est parvenu jusqu’à nous quelques-unes, fort incohérentes, sur ses relations avec Homère, soit comme son gendre ou son hôte, soit comme ayant reçu en don un de ses poèmes, qu’il aurait, après la mort de l’auteur, publié sous son propre nom. Voyez Fabricius, Bibl. Gr., I, 4.