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Oui.

Et si elle se trouve en deux hommes, ne seront-ils pas toujours en dissension et en guerre, et ne se haïront-ils pas mutuellement, comme ils haïssent les justes ?

Ils le feront.

Mais quoi ! Pour ne se trouver que dans un seul homme, l’injustice perdra-t-elle sa propriété ou bien la conservera-t-elle ?

Qu’elle la conserve, à la bonne heure.

Telle est donc la nature de l’injustice, qu’elle se rencontre dans un État ou dans une armée ou dans quelque autre société, de la mettre d’abord dans une impuissance absolue de rien entreprendre, par les querelles et les séditions qu’elle y excite : et ensuite, de la rendre ennemie et d’elle-même et de tous ceux qui lui sont contraires, c’est-à-dire des hommes justes ; n’est-il pas vrai ?

Oui.

Ne se trouvât-elle que dans un seul homme, elle produira les mêmes effets : elle le mettra d’abord dans l’impossibilité de rien faire par les séditions qu’elle excitera dans son ame, et par l’opposition continuelle où il sera avec lui-même ; ensuite elle le rendra son propre ennemi et celui de tous les justes : n’est-ce pas ?

Soit.

Mais les dieux ne sont-ils pas justes aussi ?