Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/642

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

existence différente et que l’on comprend tous sous le même nom. N’entends-tu pas ?

J’entends.

Prenons celle que tu voudras de ces espèces d’êtres. Par exemple, il y a une multitude de lits et de tables.

Sans doute.

Mais tous ces meubles sont compris sous deux idées seulement, l’une du lit, l’autre de la table.

Oui.

N’avons-nous pas aussi coutume de dire que l’ouvrier qui fabrique ces deux espèces de meubles, ne fait le lit ou la table dont nous nous servons que d’après l’idée qu’il a de l’un et de l’autre de ces meubles, et ainsi des autres ? Car assurément ce n’est pas l’idée même qu’aucun de ces ouvriers fabrique. Cela peut-il être ?

Nullement.

Vois à présent quel nom tu donneras à l’ouvrier que je vais dire.

Quel ouvrier ?

Celui qui fait à lui seul tout ce que les divers ouvriers font chacun dans leur genre.

Tu parles là d’un homme bien habile et bien extraordinaire.

Attends ; tu vas admirer encore bien davantage. Ce même ouvrier n’a pas seulement le talent de faire tous les ouvrages d’art : il fait en-