lâchent la bride à ce monstre énorme, terrible, à plusieurs têtes ?
Évidemment.
Pourquoi blâme-t-on l’arrogance et l’humeur irritable, sinon parce qu’on y voit grandir et se développer le naturel farouche du lion et du serpent ?
Sans doute.
Et le luxe et la mollesse, ce qui les fait blâmer, n’est-ce point l’affaiblissement et le relâchement de ce même naturel y dégénérant en lâcheté ?
Oui.
Si l’on blâme encore la flatterie et la bassesse, n’est-ce pas parce qu’elles asservissent le principe irascible et courageux à ce monstre turbulent, et que la soif insatiable des richesses l’avilissant dès sa jeunesse, change peu à peu le lion en singe ?
C’est cela.
Et l’état d’artisan et de manœuvre, d’où vient, dis-moi, qu’il emporte une sorte d’injure ? N’est-ce point parce qu’il suppose dans la meilleure des trois parties de l’homme une telle faiblesse, que ne pouvant prendre l’empire sur les deux autres, ces animaux dont nous avons parlé, elle est réduite à les servir et n’est capable que d’étudier les moyens de les satisfaire ?