Mais réciproquement dire que la justice est utile, n’est-ce pas déclarer que par ses discours et ses actions il faut travailler à rendre le véritable être humain enfermé dans l’homme, le plus fort possible, capable d’en user avec la bête à plusieurs têtes comme un sage laboureur, de nourrir et d’élever l’espèce pacifique, d’empêcher l’espèce féroce de croître, à l’aide de la force du lion ; enfin de donner à tous des soins communs, et de les maintenir en bonne intelligence entre eux et avec lui-même ?
Voilà bien ce que dit le partisan de la justice.
Il résulte de tout ceci, que celui qui fait l’éloge de la justice a raison, et que l’autre qui loue l’injustice a tort. En effet, qu’on ait égard au plaisir, ou à la bonne renommée et à l’utilité, la vérité est tout entière du côté du partisan de la justice. Il n’y a rien de solide dans les discours de celui qui la blâme ; il n’a même aucune idée de la chose qu’il blâme.
Aucune, à ce qu’il me semble.
Comme son erreur n’est pas volontaire, tâchons doucement de le détromper. Mon cher ami, lui demanderons-nous, d’où vient la distinction établie entre l’honnête et le déshonnête ? N’est-ce point parce que l’un soumet la partie animale de notre nature à la partie humaine ou plutôt divine, et que l’autre assujettit