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Puisque tu ne veux pas me laisser parler, je ferai ce qu’il te plaira : que veux-tu davantage ?

Rien : si tu veux bien répondre, comme je viens de t’en prier, fais-le ; je vais t’interroger.

Interroge.

Je te demande donc, pour reprendre la discussion où nous l’avions laissée, ce que c’est que la justice comparée à l’injustice. Il a été dit, ce me semble, que celle-ci est plus forte et plus puissante. Mais, maintenant si la justice est habileté et vertu, il sera facile de montrer qu’elle est plus forte que l’injustice ; et il n’est personne qui n’en convienne, puisque l’injustice est ignorance. Mais je ne veux pas trancher ainsi la question d’un seul coup. Considérons-la sous cet autre point de vue. N’y a-t-il pas des États qui soient injustes, qui tâchent d’asservir et qui aient même asservi d’autres États et en tiennent plusieurs en esclavage ?

Sans doute, mais cela n’appartient qu’à un État très bien gouverné et qui sait être injuste en toute perfection.

C’est là ta pensée, je le sais. Ce que je voudrais savoir, c’est si un État qui se rend maître d’un autre État, peut venir à bout de cette entreprise sans employer la justice, ou s’il sera contraint d’y avoir recours.

Si la justice est habileté, comme tu disais