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Oui.

Donc la plénitude de l’ame est plus réelle que celle du corps, à proportion que l’ame elle-même a plus de vérité que le corps, et que ce qui sert à la remplir en a aussi davantage.

Tout-à-fait.

Par conséquent, si le plaisir consiste à se remplir de choses conformes à sa nature, ce qui est capable de se remplir de choses qui ont plus de réalité, doit goûter un plaisir plus vrai et plus solide ; et ce qui participe à des choses moins réelles, doit être rempli d’une manière moins vraie et moins solide, et ne goûter qu’un plaisir moins sûr et moins vrai.

La conséquence est nécessaire.

Ainsi, ceux qui ne connaissent ni la sagesse ni la vertu, qui sont toujours dans les festins et les autres plaisirs sensuels, passent sans cesse de la basse région à la moyenne et de la moyenne à la basse. Ils sont toute leur vie errans entre ces deux termes, sans pouvoir jamais les franchir. Jamais ils ne se sont élevés jusqu’à la haute région ; ils n’ont pas même porté leurs regards jusque là ; ils n’ont point été véritablement remplis par la possession de ce qui est ; jamais ils n’ont goûté une joie pure et solide. Mais toujours penchés vers la terre, les yeux toujours fixés sur leur pâture comme les animaux, ils se