Ainsi, ce calme de l’ame que nous disions tout à l’heure tenir le milieu entre le plaisir et la douleur, nous semble à présent être l’un et l’autre.
Il en a l’air.
Mais est-il possible que ce qui n’est ni l’un ni l’autre, soit tout ensemble l’un et l’autre ?
Je ne le pense pas.
Le plaisir et la douleur ne sont-ils pas l’un et l’autre un mouvement de l’ame ?
Oui.
Or, ne venons-nous pas de reconnaître que cet état où l’on ne sent ni plaisir ni douleur, est un repos de l’ame et quelque chose d’intermédiaire entre ces deux sentimens ?
Il est vrai.
Comment donc peut-on croire raisonnablement que la négation de la douleur soit un plaisir, et la négation du plaisir une douleur ?
On ne le peut pas.
Par conséquent, cet état n’est en lui-même ni agréable ni fâcheux ; mais on le juge agréable par opposition avec la douleur, et fâcheux par opposition avec le plaisir. Dans tous ces fantômes il n’y a point de plaisir réel ; ce n’est qu’un prestige.
C’est du moins ce que le raisonnement démontre.
Maintenant, pour que tu ne sois plus tenté