Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/616

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


À la bonne heure.

Si la richesse et le gain étaient la plus juste règle pour bien juger de chaque chose, ce que l’homme intéressé estime ou méprise, serait en effet ce qu’il y a de plus digne d’estime ou de mépris.

J’en conviens.

Si c’étaient les honneurs, la victoire et le courage, ne faudrait-il pas s’en rapporter à la décision de l’homme ambitieux et querelleur ?

Cela est évident.

Mais puisque c’est à l’expérience, à la réflexion, à la raison qu’il appartient de prononcer… On ne peut s’empêcher de reconnaître que ce qui mérite l’estime du philosophe, de l’ami de la raison, est véritablement estimable.

Ainsi des trois plaisirs dont il s’agit, le plus doux est celui qui dépend de cette partie de l’ame par laquelle nous connaissons ; et l’homme en qui cette partie commande a la vie la plus heureuse.

Sans contredit ; et quand le sage vante le bonheur de son état, c’est avec l’autorité d’un véritable juge.

Quelle vie, quel plaisir mettra-t-il au second rang ?

Il est clair que ce sera le plaisir du guerrier et de l’ambitieux, qui approche beaucoup plus du sien que celui de l’homme intéressé.