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Et comparé à l’ambitieux, a-t-il moins l’expérience du plaisir attaché aux honneurs que l’ambitieux celle du plaisir qui suit la sagesse ?

Chacun de ces trois hommes est sûr d’être honoré, s’il parvient au but qu’il se propose ; car le riche, le brave, le sage, sont tous trois honorés de la multitude, en sorte que tous trois ont l’expérience du plaisir qui en revient. Mais il est impossible qu’aucun autre que le philosophe goûte le plaisir attaché à la contemplation de l’essence des choses.

Par conséquent, sous le rapport de l’expérience, le philosophe est plus en état de juger que les deux autres.

Sans doute.

Lui seul sera donc capable de joindre aux lumières de l’expérience celles de la réflexion ?

Certainement.

Quant à l’instrument qui est la troisième condition pour juger, il n’est à l’usage particulier ni de l’intéressé, ni de l’ambitieux, mais du philosophe.

Quel instrument ?

N’avons-nous pas dit qu’il faut employer la raison dans les jugemens ?

Oui.

Or, la raison est, à proprement parler, l’instrument du philosophe.