de peines ; comment, entre ces prétentions opposées, pourrons-nous savoir de quel côté se trouve la vérité ?
Je ne saurais le dire.
Voyons la chose de cette manière : Quelles sont les conditions requises pour bien juger ? N’est-ce pas l’expérience, la réflexion, le raisonnement ? Existe-t-il de meilleurs moyens de juger que ceux-là ?
Non.
Or, lequel de nos trois hommes a le plus d’expérience des trois genres de plaisir dont nous venons de parler ? Crois-tu que l’homme intéressé, s’il s’appliquait à la connaissance du vrai, fût plus capable d’éprouver le plaisir de la science que le philosophe le plaisir du gain ?
Il s’en faut de beaucoup ; car enfin c’est une nécessité pour le philosophe de goûter, dès l’enfance, d’autres plaisirs que ceux de l’intelligence ; au lieu que si l’homme intéressé s’avise d’étudier la vérité, il n’y a nulle nécessité pour lui qu’il goûte toute la douceur de ce plaisir et qu’il en acquière l’expérience ; je dis même que, le voulût-il, cela ne lui serait point aisé.
Ainsi le philosophe a bien plus l’expérience de l’un et l’autre de ces plaisirs, que l’homme intéressé.
Assurément.