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Si tu demandais à chacun de ces hommes en particulier, quelle est la vie la plus heureuse, tu n’ignores pas que chacun d’eux vanterait principalement la sienne. L’homme intéressé dira que les plaisirs de la science et des honneurs ne sont rien en comparaison du plaisir du gain, à moins qu’on ne fasse argent de la science et des honneurs.

Ce sera là son langage.

De son côté, que dira l’ambitieux ? Ne traitera-t-il pas de bassesse le plaisir que donnent les richesses, et de vaine fumée celui qui revient de l’étude des sciences, quand cette étude ne conduit à rien ?

Il n’y manquera pas.

Quant au philosophe, disons qu’en comparant les autres plaisirs à celui qu’il éprouve à découvrir la vérité et à multiplier sans cesse ses connaissances par de semblables découvertes, il trouve que ces prétendus plaisirs n’en contiennent pas beaucoup, et s’il les appelle réellement nécessaires, c’est en ce sens qu’il n’y songerait en aucune façon sans la nécessité qui l’oblige à en user.

Sûrement, il doit l’entendre ainsi.

Maintenant, puisqu’il est question de décider lequel de ces trois genres de plaisir et de vie est, je ne dis pas le plus honnête et le meilleur en soi, mais le plus agréable et le moins mêlé