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d’aucun homme libre, ne serait-il pas dans une appréhension continuelle de périr de la main de ses esclaves, lui, sa femme et ses enfans ?

Certainement.

Il serait donc réduit à faire sa cour à quelques-uns d’entre eux, à les gagner à force de promesses, à les affranchir sans nécessité ; en un mot, à devenir le flatteur de ses esclaves.

Sans doute, à moins de périr.

Que serait-ce donc, si ce même dieu plaçait autour de sa demeure un grand nombre de gens déterminés à ne pas souffrir qu’aucun homme prétende avoir sur d’autres l’autorité d’un maître, et à punir du dernier supplice tous ceux qu’ils surprendraient en pareil cas ?

Environné de toutes parts de tant d’ennemis, il se trouverait plus que jamais dans une situation déplorable.

N’est-ce pas dans une semblable prison qu’est enchaîné le tyran, avec les craintes et les désirs de toute espèce auxquels il est en proie, tel enfin que nous l’avons dépeint ? Tout avide que soit son âme de jouissances nouvelles, seul de tous les citoyens, il ne peut ni voyager nulle part ni aller voir mille choses qui excitent la curiosité de tout le monde. Presque toujours enfermé