importance, où il ne s’agit de rien moins que d’examiner d’où dépend le bonheur et le malheur de la vie, il ne faut pas s’arrêter à des conjectures, mais procéder rigoureusement, comme je vais tâcher de le faire.
Fort bien.
Vois si je raisonne juste. Pour bien juger de la condition du tyran, il faut, je crois, l’envisager de cette manière.
De quelle manière ?
Il faut envisager le tyran comme un de ces riches particuliers qui ont beaucoup d’esclaves ; ils ont cela de commun avec lui qu’ils commandent à beaucoup de monde : toute la différence n’est que dans le nombre.
Cela est vrai.
Tu sais que ces particuliers vivent tranquilles, et ne craignent rien de la part de leurs esclaves.
Qu’en auraient-ils à craindre ?
Rien : mais en vois-tu la raison ?
Oui, c’est que l’État tout entier prête assistance à chaque citoyen.
A merveille. Mais si quelque dieu enlevant du sein de la cité un de ces hommes qui ont à leur service cinquante esclaves et davantage, avec sa femme et ses enfans, le transportait, ainsi que son bien et toute sa maison, dans un désert, où il n’aurait de secours à attendre