dans l’État, examinons-le tout entier, pénétrons et regardons partout, et prononçons ensuite sur ce que nous aurons vu.
Tu ne demandes rien que de juste. Il est évident pour tout le monde qu’il n’est point d’État plus malheureux que celui qui obéit à un tyran, ni de plus heureux que celui qui est gouverné par un roi.
Aurai-je tort de demander les mêmes précautions pour l’examen des individus ; de n’accorder le droit de prononcer sur leur compte qu’à celui qui peut pénétrer par la pensée dans l’intérieur de l’homme, qui, ne s’arrêtait pas comme un enfant aux apparences, n’est point ébloui de ces dehors fastueux dont le pouvoir tyrannique se revêt pour en imposer à la multitude, mais qui sait voir clair à travers tout cela ? Si donc je prétendais que nous devons tous écouter ici celui qui d’abord serait un juge éclairé, et qui de plus aurait vécu sous le même toit avec des tyrans, qui les aurait vus dans leur intérieur, avec leurs familiers, dépouillés de leur pompe de théâtre, ou bien encore dans les momens de crises politiques ; si j’engageais l’homme instruit par cette expérience à prononcer sur le bonheur ou le malheur de la condition du tyran, comparée à celle des autres ? …
Tu ne saurais mieux faire.