Et si ses parens ne lui cèdent point, n’essaiera-t-il pas d’abord contre eux le larcin et la fraude ?
Il le fera.
Si cette voie ne lui réussit pas, n’aura-t-il pas recours à la rapine et à la force ouverte ?
Je le pense.
Et si les pauvres vieilles gens font résistance, aura-t-il tant de réserve et de scrupule qu’il ne les traite un peu à la façon des tyrans ?
Pour moi, je ne suis pas fort rassuré sur le sort des parens de ce jeune homme-là.
Quoi donc, Adimante ! pour une courtisane, qui est à lui depuis hier, et à laquelle il ne tient que par un caprice ; ou pour quelque adolescent qu’il connaît à peine et qui n’est pour lui qu’un caprice aussi, tu crois qu’il irait jusqu’à porter la main sur sa mère, qui lui est chère depuis si long-temps et qui lui est unie par un lien si sacré, ou sur son vieux père, le plus ancien et le plus nécessaire des amis ; tu crois qu’il osera les asservir à cette fille, à cet enfant qu’il aura introduits dans la maison paternelle ?
Oui, je le crois.
C’est apparemment un grand bonheur d’avoir donné le jour à un fils de caractère tyrannique.
Il s’en faut bien.
Mais quoi ! lorsqu’il aura consumé tout le bien de ses père et mère, et que l’essaim des désirs