Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/594

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


N’est-il pas vrai aussi que tout homme tombé dans l’ivresse a une disposition à la tyrannie ?

Oui.

De même encore un esprit dérangé et tombé en démence veut commander aux hommes et même aux dieux, et espère en être capable.

Assurément.

Ainsi, mon cher, rien ne manque à un homme pour être tyrannique, quand la nature ou l’éducation, ou l’une et l’autre ensemble, l’ont fait amoureux, ivrogne et fou.

Non rien vraiment.

Nous venons de voir comment se forme, selon toute vraisemblance, l’homme tyrannique. Mais comment vit-il ?

Je te répondrai comme on fait en plaisantant : C’est toi qui me le diras.

Je vais donc te le dire. J’imagine que ce sont désormais des fêtes, des banquets, des réjouissances et des courtisanes chez celui qui a laissé ce tyran d’amour pénétrer dans son ame et en gouverner tous les mouvemens.

En peut-il être autrement ?

Chaque jour, chaque nuit ne germera-t-il pas au dedans de lui-même une foule de désirs indomptables et fort exigeans ?

Oui.