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de ses esclaves, et pour le nourrir avec tous ces esclaves et ce ramas d’étrangers sans aveu : mais pour être affranchi, sous ses auspices, du joug des riches et de ceux qu’on appelle dans la société les honnêtes gens ; qu’ainsi il lui ordonne de se retirer avec ses amis, du même droit qu’un père chasse son fils de sa maison avec ses turbulens compagnons de débauche.

Alors, par Jupiter, le peuple verra quel enfant il a engendré, caressé, élevé, et que ceux qu’il prétend chasser sont plus forts que lui.

Que dis-tu ? quoi ! le tyran oserait faire violence à son père, et même le frapper, s’il ne cédait pas ?

Oui, car il l’a désarmé.

Le tyran est donc un fils ingrat, un parricide ; et nous voilà arrivés à ce que tout le monde appelle la tyrannie. Le peuple, en voulant éviter, comme on dit, la fumée de la dépendance sous des hommes libres, tombe dans le feu du despotisme des esclaves, échangeant une liberté excessive et extravagante contre le plus dur et le plus amer esclavage.

C’est là en effet ce qui arrive.

Eh bien, Adimante, aurions-nous mauvaise grâce à dire que nous avons expliqué d’une manière satisfaisante le passage de la démocratie à la tyrannie, et les mœurs de ce gouvernement ?

L’explication est complète.