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On n’a donc pas tort de vanter la tragédie comme une école de sagesse et particulièrement Euripide.

À quel propos dis-tu cela ?

C’est qu’Euripide a prononcé cette sentence d’un sens bien profond :

Les tyrans deviennent habiles par le commerce des habiles[1] ;

voulant dire évidemment que leur société ne se compose que de gens habiles.

Oui, il qualifie la tyrannie de divine, et autres choses semblables, lui et les autres poètes[2].

Aussi les poètes tragiques ont-ils l’esprit trop bien fait pour trouver mauvais que dans notre État, et dans tous ceux qui s’en rapprochent par leur constitution, on refuse de recevoir les chantres des tyrans.

Ceux d’entre eux qui seront un peu raisonnables, ne sauraient s’en offenser.

Quant aux autres États, ils peuvent les parcourir, y rassembler la multitude, et prenant à leurs gages des voix belles, fortes, insinuantes, y répandre le goût de la tyrannie et de la démocratie.

À merveille.

Et y gagner encore de l’argent et des honneurs,

  1. Voyez la note du t. V, p. 247, et le Scholiaste.
  2. Euripide, Troyennes, v. 1177.