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On ne songe pas à prévenir ce désordre dans les gouvernemens oligarchiques : car si on le prévenait, les uns n’y posséderaient pas des richesses immenses, tandis que les autres sont réduits à la dernière misère.

Cela est vrai.

Fais encore attention à ceci. Lorsque cet homme, maintenant pauvre, se ruinait par de folles dépenses, quel avantage en résultait-il pour l’État ? Passait-il donc pour être un de ses chefs, ou en effet n’était-il ni chef ni serviteur, et tout son emploi n’était-il pas de dépenser son bien ?

Ce n’était qu’un prodigue et rien de plus.

Veux-tu que nous disions de cet homme que comme le frelon est le mal de la ruche[1], de même lui est le mal de l’État ?

Je le veux bien, Socrate.

Mais il y a cette différence, mon cher Adimante, que Dieu a fait naître sans aiguillon tous les frelons ailés, au lieu que parmi ces frelons à deux pieds, s’il y en a qui n’ont pas d’aiguillons, d’autres en revanche en ont de très piquans. Ceux qui n’en ont pas finissent avec l’âge par devenir des mendians ; et de ceux qui en ont sortent tous les malfaiteurs.

  1. Comparaison imitée d’Hésiode, Œuvres et jours, v.300.