nais bien les deux premières espèces de récompenses, mais je ne conçois pas quel est ce châtiment dont l’exemption est, selon toi, comme une troisième sorte de récompense.
En ce cas, lui dis-je, tu ne connais pas la récompense des honnêtes gens, celle qui les détermine à prendre part aux affaires. Ne sais-tu pas que l’amour des richesses et des honneurs est et passe pour une passion honteuse ?
Je le sais.
Les honnêtes gens ne veulent donc entrer dans les affaires ni pour s’enrichir ni pour avoir des honneurs. En acceptant un salaire pour le pouvoir qu’ils exercent, ils craindraient d’être appelés mercenaires, ou voleurs en se payant eux-mêmes par des profits secrets. Ce ne sont pas non plus les honneurs qui les attirent, car ils ne sont pas ambitieux. Il faut donc qu’ils soient forcés de prendre part au gouvernement par la crainte d’un châtiment, et c’est pour cela apparemment qu’il y a quelque honte à se charger du pouvoir de son plein gré et sans y être contraint. Or, le plus grand châtiment pour l’homme de bien, s’il refuse de gouverner les autres, c’est d’être gouverné par un plus méchant que soi : c’est cette crainte qui oblige les honnêtes gens à entrer dans les affaires, non pour leur intérêt, ni pour leur plaisir, mais parce qu’ils y sont forcés, et