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dépourvues, mais riches de leur nature, tendent à la vertu et au maintien de la constitution primitive. Après bien des violences et des luttes, on convient de se partager et de s’approprier les terres et les maisons ; et ceux qui gardaient autrefois leurs concitoyens comme des hommes libres, comme leurs amis et leurs nourriciers, en font des esclaves, attachés au service de leurs terres et de leurs maisons, tandis qu’eux-mêmes s’occuperont de la guerre et du soin de défendre cette multitude.

Oui, c’est bien de là que doit venir, ce me semble, cette révolution.

Et un tel gouvernement ne fera-t-il pas une sorte de milieu entre l’aristocratie et l’oligarchie ?

Oui.

La révolution se fera comme je l’ai expliqué ; et quant à la forme du nouveau gouvernement, n’est-il pas évident qu’il retiendra quelque chose de l’ancien, et prendra quelque chose aussi du gouvernement oligarchique, puisqu’il tient le milieu entre l’un et l’autre ; et que de plus il aura quelque chose de propre et de distinctif ?

Sans doute.

Il conservera de l’aristocratie le respect pour les magistrats, l’aversion naturelle aux soldats pour l’agriculture, les arts mécaniques et les autres professions lucratives, la coutume de prendre