Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/537

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ci ne seront pas dignes de leur succéder, à peine parvenus aux dignités de leurs pères, ils commenceront par nous négliger dans leur office de gardiens de l’État, n’estimant pas comme il convient la musique d’abord, puis la gymnastique. Ainsi la génération nouvelle deviendra grossière, étrangère aux Muses. De là sortiront des magistrats qui comme gardiens manqueront absolument d’aptitude pour discerner les races d’or et d’argent, d’airain et de fer, dont parle Hésiode[1], et qui se trouvent chez vous. Le fer venant donc à se mêler avec l’argent, et l’airain avec l’or, il résultera de ce mélange un défaut de ressemblance et d’harmonie : défaut qui, partout où il se trouve, engendre toujours l’inimitié et la guerre. Telle est l’origine qu’il faut assigner à la sédition quelque part qu’elle se déclare. »

Et nous dirons que les Muses répondent à merveille.

Nécessairement, puisqu’elles sont des Muses.

Hé bien ! que disent-elles ensuite ?

La sédition une fois formée, les deux races de fer et d’airain aspirent à s’enrichir et à acquérir des terres, des maisons, de l’or et de l’argent, tandis que les races d’or et d’argent, n’étant pas

  1. Les œuvres et les jours, v.108 et suiv.