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Tâchons d’abord d’expliquer comment il se peut faire que l’aristocratie dégénère en timocratie. N’est-ce pas une vérité très simple que dans un État tout changement a sa source dans la partie qui gouverne, lorsqu’il s’élève en elle quelque division, et que tant que cette partie sera d’accord avec elle-même, quelque petite qu’on la suppose, il est impossible que l’État éprouve aucun changement ?

Oui.

Comment donc un État tel que le nôtre éprouvera-t-il un changement ? Par où se glissera-t-il entre les guerriers et les chefs un esprit d’opposition les uns avec les autres et avec eux-mêmes ? Veux-tu qu’à l’imitation d’Homère, nous conjurions les Muses de nous expliquer l’origine de la querelle, et que nous les fassions parler sur un ton tragique et sublime, moitié en badinant et en se jouant avec nous comme avec des enfans, et moitié sérieusement ?

Comment ?

A peu près ainsi : « Il est difficile qu’un État constitué comme le vôtre, s’altère : mais comme tout ce qui naît dépérit, la constitution de votre État ne sera pas à jamais inébranlable : un jour elle doit se dissoudre, et voici comment. Il y a des retours de fécondité et de stérilité pour les plantes qui naissent dans le sein de la terre