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Or tu sais maintenant qu’il y a de nécessité autant de caractères d’hommes que d’espèces de gouvernemens : crois-tu en effet que la forme d’un gouvernement vienne des chênes et des rochers[1], et non des mœurs des citoyens, et de la direction que ces mœurs ne peuvent prendre sans la donner à tout le reste ?

Nullement.

Ainsi, puisqu’il y a cinq espèces de gouvernemens, il doit y avoir cinq caractères de l’ame qui leur répondent chez les individus.

Sans doute.

Nous avons déjà parlé du caractère qui répond à l’aristocratie ; nous avons dit avec raison qu’il est bon et juste.

Oui.

Il nous faut à présent passer en revue les caractères vicieux, d’abord celui qui est jaloux et ambitieux, formé sur le modèle du gouvernement de Lacédémone ; ensuite les caractères oligarchique, démocratique et tyrannique. Quand nous aurons reconnu quel est le plus injuste de ces caractères, nous l’opposerons au plus juste, et la comparaison de la justice pure avec l’in-

  1. Locution proverbiale qui se trouve plusieurs fois dans Platon et qui est empruntée aux anciens poètes, Iliade, XXII, 126 ; Odyssée, XIX, 163 ; Hésiode, Théogonie, 35.