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de leur salaire ; mais à parler rigoureusement, la médecine produit la santé, et le profit du médecin est le produit de l’industrie qui s’y joint ; l’architecture produit la construction des maisons, et le salaire de l’architecte vient de l’art du mercenaire, qui marche à la suite de l’architecture. Il en est ainsi des autres arts. Chacun d’eux produit son effet propre, toujours à l’avantage de ce à quoi il s’applique. Quel profit l’artiste retirerait-il de son art s’il l’exerçait gratuitement ?

Aucun.

Son art cesserait-il pour cela d’être utile ?

Je ne le crois pas.

Il est donc évident qu’aucun art, aucune autorité n’a pour fin son intérêt propre, mais comme nous l’avons déjà dit, l’intérêt de ce qui lui est subordonné, c’est-à-dire du plus faible et non pas du plus fort. C’est pour cela, Thrasymaque, que j’ai dit que personne ne veut accepter d’emploi public ni pratiquer la médecine sans un salaire, car celui qui veut exercer convenablement son art, ne travaille point pour lui-même, mais pour la chose sur laquelle il l’exerce. Il a donc fallu attirer les hommes au pouvoir par quelque récompense, comme l’argent ou les honneurs, ou, en cas de refus, par la crainte d’un châtiment.

Comment l’entends-tu ? dit Glaucon. Je con-