qu’il lui faut, tant qu’elle reste ce qu’elle est. Par la même raison, je croyais que nous étions forcés de convenir que toute autorité, soit publique, soit particulière, en tant qu’autorité, s’occupe uniquement du bien de la chose dont elle est chargée. Penses-tu que ceux qui gouvernent dans les États, j’entends ceux qui gouvernent véritablement, soient bien aises de le faire ?
Si je le crois ? j’en suis sûr.
N’as-tu pas remarqué, Thrasymaque, à l’égard des charges publiques, que personne ne veut les exercer pour elles-mêmes ; mais qu’on exige un salaire, parce qu’on est persuadé qu’elles ne sont utiles qu’à ceux pour qui on les exerce ? Et dis-moi, je te prie : les arts ne se distinguent-ils pas les uns des autres par leurs différens effets ? Réponds selon ta pensée, afin que nous arrivions à quelque conclusion.
Oui, ils se distinguent par leurs effets.
Chacun d’eux procure aux hommes un avantage particulier ; la médecine, la santé, le pilotage, la sûreté de la navigation, et ainsi des autres.
Sans doute.
Et l’avantage que procure l’art du mercenaire, n’est-ce pas le salaire ? Car c’est là l’effet propre de cet art. Confonds-tu ensemble la médecine et le pilotage ? Ou si tu veux continuer à définir les termes avec rigueur, diras-tu que le pilotage