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trouveront pas un digne gardien dans celui qui ignorera leur rapport avec le bien, et j’oserais prédire que nul n’aura de l’honnête et du juste une connaissance exacte sans la connaissance antérieure du bien.

Ta prédiction serait fondée.

Notre État sera donc parfaitement ordonné, s’il a pour chef un homme qui possède cette double connaissance.

Nécessairement. Mais toi, Socrate, en quoi fais-tu consister le bien, dans la science ou dans le plaisir, ou dans quelque autre chose ?

Tu es charmant en vérité : je te voyais venir et me doutais depuis long-temps que tu ne voudrais pas t’en tenir à ce qu’ont dit les autres là-dessus.

C’est qu’aussi il ne me paraît pas raisonnable, mon cher Socrate, qu’un homme qui agite cette question depuis si long-temps, dise quelle est l’opinion des autres et ne dise pas la sienne.

Te paraît-il plus raisonnable qu’un homme parle de ce qu’il ne sait pas, comme s’il le savait ?

Non ; mais il peut proposer comme une conjecture ce qu’il croit probable.

Hé quoi ! ne vois-tu pas quelle triste figure fait une opinion qui ne repose pas sur la science ? La meilleure de cette sorte n’est-elle pas sans lumière ? Ceux qui, dans leurs opinions, rencon-