Tu as raison.
Je te demande de même si la médecine, ou tout autre art, admet en soi quelque défaut, et s’il lui faut encore quelque vertu, comme aux yeux la faculté de voir, aux oreilles celle d’entendre, un autre art enfin qui remédie à cette imperfection ? L’art en lui-même est-il aussi sujet à quelque défaut, en sorte que chaque art ait besoin d’un autre art qui veille à son intérêt, celui-ci d’un autre, et ainsi à l’infini ? ou bien chacun pourvoit-il par lui-même à ce qui lui manque ? ou plutôt n’a-t-il besoin pour cela ni de lui-même ni du secours d’aucun autre art, étant de sa nature exempt de tout défaut et de toute imperfection ? de sorte qu’il ne doit avoir d’autre but que l’intérêt de la chose sur laquelle il s’exerce, et que sa perfection naturelle n’est point altérée, tant qu’il reste tout entier ce qu’il est par essence. Examine avec une attention scrupuleuse lequel de ces deux sentimens est le plus vrai.
C’est le dernier.
La médecine ne regarde donc pas son intérêt, mais celui du corps ?
Sans contredit.
Il en est de même de l’équitation par rapport au cheval, et en général des autres arts, qui, désintéressés en eux-mêmes, n’ont en vue que l’intérêt de la chose sur laquelle ils s’exercent.