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les vents et tout ce qui appartient à cet ordre de connaissances, s’il veut bien diriger un vaisseau ; et quant au talent de le gouverner, qu’il y ait ou non opposition, ils ne croient pas qu’il soit possible de le joindre à toute cette science et à tant d’étude. Ne penses-tu pas qu’en pareilles circonstances des matelots, ainsi disposés, regarderont le vrai pilote comme un homme qui perd son temps à contempler les astres, et comme un bel esprit incapable de leur être utile ?

Je le pense.

Tu n’as pas besoin, je crois, de voir cette comparaison développée pour y reconnaître l’image fidèle du traitement qu’éprouvent les vrais philosophes dans les divers États ; et j’espère que tu comprends ma pensée.

Oui.

Présente donc cette comparaison à celui qui s’étonne de ce que les philosophes ne sont pas honorés dans les États, et tâche de lui faire concevoir que, s’ils l’étaient, ce serait une merveille bien plus grande.

Je n’y manquerai pas.

Dis-lui qu’il ne se trompe pas en regardant les plus sages d’entre les philosophes comme des hommes inutiles à l’État, mais que néanmoins ce n’est point à eux qu’il faut s’en prendre de leur